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Le trou en terre, préparé d’avance, & garni de terreau, s’ouvre pour recevoir la nouvelle plante à demeure. On passe les doigts de la main gauche, & étendus entre les tiges ; on renverse le pot sur la main gauche, & avec la droite on l’enlève : alors, retournant la gauche sur la droite, on place ensuite la plante de la manière convenable, & elle ne s’aperçoit pas avoir changé d’habitation, ni elle ne souffre en aucun point de la transplantation. Un petit arrosement qu’on donne ensuite réunit les terres.

La coutume des jardiniers est de pincer les bras au-dessus de l’endroit où la fleur femelle a noué. Ce travail est-il donc si nécessaire ? J’ai la preuve du contraire, outre celle en grand, dont on a parlé plus haut. J’ai laissé, livré à lui-même, un cantaloup ; il a poussé des bras autant & comme il a voulu, & je puis assurer que j’ai eu de très-bons, de très-beaux melons, & en abondance. Doit-on également admettre cette méthode dans nos provinces du nord ? Je n’ose prononcer, parce que je n’en ai pas fait l’expérience ; mais elle est aisée à répéter dans celles où l’intensité de chaleur dispense du service des cloches. Il convient encore d’essayer si on réussira mieux en enterrant, ou en n’enterrant pas les bras.

Tous les auteurs s’accordent à dire qu’on doit rarement arroser les melons. Cette assertion est vraie jusqu’à un certain point, & sa confirmation tient beaucoup au climat. Par exemple, à Pezenas, où les melons sont si renommés, on arrose souvent les cantaloups à couronne, ou à verrues sans couronne, & ils sont délicieux. J’en ai élevé presque sans les arroser, & ils ont été moins agréables & moins gros. J’ai également fait arroser, suivant la coutume de ce pays, les melons maraîchers, les sucrins, & ils ont été détestables… De ces variétés, on doit nécessairement conclure qu’il n’y a point de règle généralement bonne sur la culture des melons, qu’elle doit varier suivant les espèces, & sur-tout suivant les climats ; enfin, que chacun doit étudier, par des expériences de comparaison, ce qui convient le mieux à son pays, & quelles sont les espèces dont le succès & la qualité sont les moins casuels.

Dans plusieurs jardins, les limaces & les escargots font de grands dégâts. Le parti le plus sûr est d’aller les chercher dans leurs retraites qu’elles indiquent par la bave qu’elles laissent par-tout où elles passent. Malgré cela il n’est pas toujours aisé de les détruire. On peut, tout autour des pots, couvrir la terre avec de la cendre, & la renouveller autant de fois qu’elle sera tapée & agglutinée, soit par les pluies, soit par les arrosemens. On fait que les escargots coupent les tiges par le pied.

Les mulots sont encore de grands destructeurs des couches de melons, de concombres & de courges ; ils déterrent les graines & les mangent. On prend, pour les détruire, des graines de courge que l’on fend dans leur longueur, on garnit l’entre-deux avec de la noix vomique, réduite en poudre & passée au tamis de soie, on réunit les deux parties de la graine : mais cette méthode ne remplie pas les vues qu’on s’étoit proposées, parce que la noix vomique étant un peu amère, les mulots abandonnent cette graine, & aiment