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XCVIII. — THÉODOSE LE JEUNE ET LES MOINES.

ὅτι ἔχω σήμερον λη’ ἔτη βασιλεὺς, ϰαὶ τοιοῦτον ἡδὺ φαγεῖν οὐδέποτε ἔφαγον[1]. Ἐπευξάμενος δὲ αὐτῲ ὁ γέρων ἀπέλυςεν αὐτόν. Ἐϰ τότε οὖν ὁ πιστώτατος ϰαὶ δοῦλος τοῦ Θεοῦ Θεοδόσιος ὁ βασιλεὺς, συχνωτέρως παρέϐαλεν τᾤ γέροντι ὠφελείας χάριν.

9. Résumé donné dans les Apophthegmes, d’après les manuscrits Coislin 127, du xie siècle, fol. 240-241 (= C) ; Coislin 118, du xiiie siècle, fol. 224 v° (= D) ; Coislin 126, du xe ou xie siècle, fol. 231 (= E) ; la version latine loc cit., col. 965 (= L).

Ἔμεινέ τις μοναχὸς Αἰγύπτιος[2] ἐν προαστείῷ Κωνσταντινουπόλεως ἐπὶ Θεδοσίου τοῦ νέου βασιλέως. Διαϐαίνων δὲ τὲν[3] ὁδὸν ἐϰείνεν ὁ βασιλεὺς, ϰατελίπε πάντας[4] ϰαὶ ἔρχεται μόνος[5] ϰαὶ ϰρούει τῇ θύρᾳ τοῦ μοναχοῦ[6]. Καὶ ἀνοίξας ἐπέγνω μὲν τίς ἦν, ἐδέξατο δὲ αὐτὸν ὡς ἕνα ταξεώτεν. Ὠς οὔν εἰσῆλθεν, ἐποίησαν[7] εὐχὴν ϰαὶ ἐϰάθισαν. Καὶ ἤρξατο αὐτὸν ἐξετάζειν ὁ βασιλεὺς, « πῶς οἱ πατέρες οἱ ἐν Αἰγύπτῳ ; » Ὁ δὲ εἶπεν· Πάντες εὔχονται τὲν σωτερίαν σου[8]. » Καὶ εἶπεν αὐτῷ· « Φάγε[9] μιϰρόν. » Καὶ ἔϐρεξεν αὐτῷ ἄρτους[10], ϰαὶ ἔϐαλε μιϰρὸν ἔλαιον ϰαὶ ἅλας, ϰαὶ ἔφαγε, ϰαὶ ἐπέδωϰεν αὐτῷ ὕδωρ ϰαὶ ἔπιεν.

Εἶπεν δὲ αὐτῷ ὁ βασιλεὺς· « Οἴδας τίς εἰμι ; » Ὁ δὲ εῖπεν αὐτῷ· « Ὁ Θεὸς οἴδεν σε. » Τότε εἶπεν αὐτῷ· « Ἐγώ εἰμι Θεοδόσιος ὁ βασιλεὺς. » Καὶ εὐθὺς προσεϰύνησεν αὐτῷ ὁ γέρων. Λέγει αὐτῷ ὁ βασιλεύς· « Μαϰάριοι ὑμεις οἱ ἀμέριμνοι τοῦ βίου[11]· ἐπ’ ἀληθείας ἐν τῇ βασιλείᾳ γεννηθεὶς, οὐδέποτε ἀπέλαυσα[12] ἄρτου ϰαὶ ὕδατος ὡς σήμερον· πάνυ γὰρ ἡδέως ἔφαγον. »

Ἤρξατο δὲ ἀπὸ τότε τιμᾶν αὐτὸν ὁ βασιλεύς. Ὁ δὲ γέρων ἀνάστας ἔφυγε ϰαὶ πάλιν[13] ἦλθεν εἰς Αἴγυπτον. »

10. La paraphrase attribuée (à tort) à Rufin[14] porte, loc. cit., col. 749 :

Le saint vieillard Pœmen disait un jour à ses frères : Il y avait récemment à Constantinople, au temps de l’empereur Théodose, un moine qui habitait une petite cellule, en dehors de la ville, près du faubourg qui est appelé « au septième (mille ?) », où les empereurs, sortis de la ville, vont d’ordinaire se récréer. L’empereur, apprenant qu’il y avait là un moine solitaire qui ne sortait jamais de sa cellule, commença, en se premenant, à aller vers l’endroit où était le moine susdit et ordonna aux eunuques qui le suivaient que personne n’approchât de la cellule de ce moine. Lui-même s’avança seul et frappa à la porte. Le moine se leva et lui ouvrit, et il ne connut pas que c’était l’empereur parce qu’il avait enlevé la couronne de sa tête pour ne pas être connu. Après la prière, ils s’assirent tous deux et l’empereur l’interrogea en disant : « Que font les saints Pères en Égypte ? » Et le moine, répondant, dit : « Tous prient Dieu pour votre salut[15]. »

L’empereur examinait la cellule avec attention et, n’y voyant rien que quelques pains secs suspendus dans une corbeille, il lui dit « Donne-moi l’eulogie, abba, pour nous restaurer. » Aussitôt le moine se hâta, il mit de l’eau et du sel, y trempa des morceaux de pain et ils mangèrent ensemble ; il lui tendit aussi un verre d’eau et il but. Alors l’empereur Théodose dit : « Sais-tu qui je suis ? » Le moine, répondant, dit : « Je ne sais pas qui tu es, Seigneur[16]. » Il lui dit : « Je suis l’empereur Théodose, et je suis venu ici par dévotion. » Quand le moine l’eut entendu, il se prosterna devant lui. Mais il lui dit : « Vous êtes bienheureux, vous autres moines, qui étant libres et dégagés des occupations du siècle, passez une vie douce et tranquille, sans avoir d’autre souci que du salut de vos âmes, et sans penser à autre chose qu’à vous rendre dignes de recevoir, dans le ciel, une vie et des récompenses éternelles. Moi qui suis né dans la (pourpre) impériale et qui suis assis sur le trône, je dis en vérité que je n’ai jamais pris de nourriture sans avoir de souci. » L’empereur le salua ensuite avec grand honneur et le quitta ainsi.

  1. ἔφαγων Ms.
  2. om. CD.
  3. L relie les deux phrases : et dum transiret Theodosius junior imperator.
  4. Omnes qui in obsequio ejus erant L.
  5. Venit solus ad cellam ejus L.
  6. ϰρούει τᾤ μοναχᾤ E.
  7. ἐποίησεν.
  8. L porte en plus : Imperator autem circumspiciebat in cella ejus, si quid haberet et nihil illic vidit nisi parvam sportellam, habentem modicum panis, et lagenam aquae.
  9. D aj. μέν.
  10. ἄρτον CD.
  11. L porte en plus : qui non cogitatis de hoc sæculo.
  12. ἀπήλαυσα CD.
  13. Sic CL ; ἔφυγε πάλιν ϰαὶ DE.
  14. Rufin est mort en 410.
  15. Ceci semble bien indiquer que le moine a reconnu l’empereur, comme le portent tous les autres textes.
  16. Dans les autres textes, le moine, qui a reconnu l’empereur, lui donne une réponse évasive.