Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/71

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solaires — la main de Dieu suivant la Révélation — : « le Seigneur Dieu leur donna la lumière. » Au-dessus, se lit cette inscription : « Spes optima in Deo »,

Les ouvriers du XVe siècle copièrent imparfaitement ce modèle : les Vertus n'ont plus leurs traits accentués, mais vivants ; en revanche elles ont toutes le nez romain et leurs cheveux sont bouclés. Les emblèmes et les gestes sont pourtant conservés jusqu'à ce qu'on arrive à l’espérance qui prie encore, mais en n'adressant sa prière qu'au seul soleil : la main de Dieu a disparu.

N'est-ce pas un signe typique de l'esprit du temps que de supprimer la main de Dieu dans la lumière qu'il a donnée ? Lorsque, plus tard, cette lumière éclaira d'un côté la Réforme et, de l'autre la pleine connaissance de la littérature ancienne, l'une fut arrêtée et l'autre, dénaturée.

L'infériorité de l'œuvre de la Renaissance est moins facile à prouver que l'infériorité morale de ses ouvriers, car cette œuvre a elle-même détourné de leur sens des arrêts dont je dois appeler. Mes adversaires en peinture affirment qu'il existe une loi que je ne comprends pas ; quant à mes adversaires en architecture, ils se contentent d'opposer leurs opinions aux miennes.

Il n'existe aucune loi que nous puissions invoquer les uns ou les autres. En architecture, on peut s'obstiner dans des opinions qui ne sont pas toujours exemptes de préjugés, mais la majorité seule peut être juge. J'ai toujours estimé, cependant, qu'il devrait exister une loi qui permît de discerner la bonne architecture de la mauvaise et qu'il est aussi déraisonnable de discuter sans s'appuyer sur un principe que d'accepter une pièce douteuse sans la faire sonner.

Je sentais que, si elle était concluante, cette loi devien-