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LA VIE SAINTE ÉLYSABEL.

Qui la veut proier et amer,
Que je puisse en tel lieu semer
Ma parole et mon dit retrère
(Quar autre labor ne sai fère)[1]
Que en bon gré cele le praingne
Por qui j’empraing ceste besoingne,
Ysabyaus, fame au roi Thibaut[2].
Que Diex face haitié et baut
En son règne, avoec ses amis,
Là où ses disciples a mis.
Por li me vueil-je entremetre
De ceste estoire en rime metre
Qui est venue de Hongrie.
Si est li procès et la vie
D’une dame que Jhésu-Criz
Ama tant (ce dist li escriz)
Qu’il l’apela à son servise :
De li list-on en sainte Yglise.
Elysabel ot non la dame
Qu’à Dieu rendi le cors et l’âme[3].
Si com l’en tient le lis à bel,
Doit l’en tenir Elysabel
A sainte, à sage et à senée.
Vers Dieu se fu si assenée

  1. Il paraît que Rutebeuf tenait à bien inculquer cette idée à ses protecteurs, car elle se représente plusieurs fois dans ses poésies. Voyez surtout tome 1er, page 9, vers 13e, où il dit :
    Je ne sui pas ouvriers des mains.
  2. Ceci indique que la Vie de sainte Élysabel a été composée de 1258 à 1270, puisque ce fut à la première de ces époques qu’Isabelle, fille de saint Louis, épousa Thibaut de Navarre, et qu’à la seconde elle mourut presqu’en même temps que son mari.
  3. Ce vers et le précédent manquent au Ms. 7633.