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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Il m’a été impossible, malgré les recherches que j’ai fait exécuter en Belgique, de savoir ce que sont devenus ces deux manuscrits[1].

Enfin l’auteur des Repues franches, Villon, cet aïeul de Marot et de Rabelais, a écrit dans une ballade faite à la requête de sa mère, pour prier Notre-Dame :

A vostre Filz dictes que je suis sienne :
De luy soient mes péchez absoluz ;
Qu’il me pardonne comme à l’Egyptienne,
Ou comme il fit au clerc Théophilus,
Lequel par vous fut quitte et absoluz,
Combien qu’il eût au diable fait promesse.

Les arts s’emparèrent aussi au moyen âge de la légende de Théophile. Nous la retrouvons sculptée au flanc gauche de Notre-Dame de Paris en deux endroits différents, savoir : au-dessus de la porte d’entrée extérieure, dans l’angle de l’ogive formée par le portail, et, plus loin, vers le chevet de l’église, dans le dernier médaillon sculpté extérieurement autour de l’abside. Ayant eu l’idée de faire mouler en plâtre la première de ces sculptures, idée à laquelle la dimension réelle des personnages, dont on ne peut juger d’en bas, me força de renoncer lorsque je les vis de près, je profitai néanmoins de la permission que j’avais obtenue de faire dresser un échafaudage pour examiner attentivement de près l’œuvre due au ciseau de nos aïeux. Chacune des figures destinées à perpétuer la mémoire de l’histoire de Théophile me parut sculptée avec soin jusque dans ses plus minces détails ; les têtes présentent une grande expression, et l’ensemble est convenablement agencé. Toutes ces sculptures ont été peintes autrefois ; on remarque encore dans leurs interstices où

  1. On lit aussi dans l’introduction mise par M. de Reiffenberg en tête de son édition de la Chronique de Philippe de Mouskes, tome II, page 80 :

    « M. Blomaert, connu par ses succès dans la poésie flamande, a mis le même soin à éditer un poëme flamand du 14e siècle, imité du français, intitulé Théophilus, et l’un des types de Faust, de ces natures ambitieuses qui, fatiguées de la terre et ne pouvant atteindre le ciel, se livrent au génie des enfers. »