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NOTES

la protection de sa mère. Au côté droit on lit ces vers en lettres gothiques :

« Je suis Marie, reine des cieulx,
Que de Dieu mon Filz feray don,
Qui sera accordé à tous ceulx
Qui feront ma conception ;

au côté gauche, ces autres :

« Tous ceulx et celles qui en mon nom
Feront du bien de bon couraige
Paradis auront pour lequel don,
Et au monde auront grant aaige.

« Cette Vierge tient de la main gauche un grand papier, qu’elle rend à un homme peu éloigné et qui fait le sujet du premier tableau. Cet homme, nommé Théophilus, dans un moment de désespoir avait promis, selon l’inscription, de se donner au diable. Pour sûreté de sa promesse il lui en avait fait un billet, ou, comme on disait dans ce siècle d’ignorance, un pacte. Touché de repentir, il a recours à Marie, qui, au moment que le diable exige l’exécution du traité, enlève au démon la cédule qui contenait l’obligation et la rend à Théophilus. C’est au moment qu’il exprime toute la vivacité de sa reconnaissance que le peintre l’a représenté, tandis que son ennemi se livre aux transports de sa fureur de voir sa proie lui échapper. Les vers suivants indiquent ce que nous venons de rapporter :

« Theophilus donna son âme
Au diable, et lettre lui bailla ;
Puis il retourna à Notre-Dame,
Laquelle la lettre lui livra. »

Je ne sais si les vers qu’on vient de lire ont été copiés par l’abbé Lionnois aussi inexactement que les légendes qu’il rapporte plus loin de la tapisserie de Nancy prise sur Charles-le-Téméraire, mais mon ami et collaborateur,