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DE NICEROLES.


Ms. 7218.
(Voyez, 1er volume, page 150, note 2.)


Seignor, j’ai folement mes deniers despenduz :
Venuz sui entre vous, ne sui pas esperdus ;
Mès j’aie mal dehez et soie confondus
Se il ne m’est autant des rez com des tonduz.

Biau seignor, j’ai oï mainte dure parole :
Li uns là me dit sage, l’autres là me dit fole ;
Mès sachiez j’ai esté à une bone escole
Dedenz une cité qui a non Nicerole.

J’entrai en Niceroles, ne sai que vous en mente ;
Je n’i oi pas esté .xxv. jors ne .xxx.
Quant dedenz Niceroles m’assist-on bone rente.
Moult très bien m’i connui, quar g’i mis mult m’entente.

J’entrai en Niceroles par le jeu de hasart :
Quant j’oi tout despendu et l’en me dist musart,
Se l’éusse juré, s’éusse-je ma part
Des granz biens de l’esglise mon seignor saint Nissart.

Monseignor saint Nissart si est la mestre yglise
Qui siet en Niceroles, où j’ai ma rente assise ;
Et se n’i a chanoine qui ne soit en chemise
Et nus piés en yver, quant cort la froide bise.

J’entrai en Niceroles ; sachiez veraiement,
Li évesques est nices qui tient le chasement.
Il aiment miex les nices et lor contenement
Que il ne font les autres qui le font sagement.