Page:Ryner - Le Subjectivisme, Gastein-Serge.djvu/36

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La méditation vaillante avait chassé toutes les doctrines d’étable : celles qu’on bêle pour les moutons et celles qui aboient dans la tête des surmoutons, chiens ou pâtres.

Le jeune homme avait dit au servilisme :

— Tu n’as aucun sens pour moi, puisque je n’ai plus la lâcheté de m’incliner devant des maîtres.

Il avait dit au dominisme :

— Tu n’as aucun sens pour moi : je veux m’affranchir des besoins lâches qui font paraître désirable la domination.

Il avait dit à l’un et à l’autre :

— Pas de maîtres sans esclaves ; pas d’esclaves sans maîtres. Vous vous nécessitez mutuellement. La morale est un Janus placé comme une gargouille. Vous êtes les deux bouches ouvertes à la saleté des eaux. Servilisme, gueule et menace vers ceux d’en bas ; dominisme, sourire à ceux d’en haut. Pour celui qui ne veut être ni dupe ni complice, vos éructations crient d’incompréhensibles folies.

Puis, évoquant des beautés émouvantes, le jeune homme avait repris :

— Salut, vous entre qui un homme peut hésiter, Amour et Sagesse, fraternisme et subjectivisme, ou, si vous préférez des noms anciens, salut, christianisme et stoïcisme ; ou, si vous aimez mieux des noms d’hommes, salut Jésus et Épictète.

J’entends vos paroles libératrices. S’ils cessaient de s’avilir à des tyrannies et à des fraudes, ceux qui osent se déclarer mes maîtres deviendraient, soudain grandis, mes égaux. Pourvu qu’ils ouvrent les yeux sur eux et sur les autres,