Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le bois ; elle en fut mécontente et surtout peinée, et parla à son frère de l’inquiétude que lui causait la hauteur impertinente de Félicie vis-à-vis de ceux qu’elle croyait être au-dessous d’elle.

Le général.

Tu as raison de t’en inquiéter ; et puis elle se fera détester de tout le monde.

Madame d’Orvillet.

On la déteste déjà ; elle blesse tout le monde ; jusqu’à sa bonne, qu’elle cherche sans cesse à humilier.

Le général.

La bonne ! Cette excellente Valérie qui les a tous élevés, qui les aime comme elle aimerait ses propres enfants ! Écoute, Hélène, sais-tu ce que tu devrais faire ? La mettre servante dans une ferme ? Je te réponds qu’elle perdrait bien vite ses grands airs.

Madame d’Orvillet, riant.

Comme tu y vas, Albert. Trouve-moi un moyen moins terrible.

Le général, riant aussi.

Je n’insiste pas. Mais avant tout je veux la détacher de ses sots amis (dont je raconterai l’origine et l’histoire quand nous serons plus posés), et je commencerai dès demain, en allant voir ton chemineau et en sachant de lui s’il a réellement donné une rossée à Mlle la baronne.

Madame d’Orvillet, effrayée.

Oh ! mon ami, je t’en supplie, pas un mot de cela.

Le général.

Pourquoi donc ? Ce serait un moyen de tenir cette petite sotte.