Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/146

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mineau ; elle voulut parler, mais l’humiliation était trop grande pour son courage, l’effort avait été trop violent, elle éclata en sanglots. Tout le monde crut que c’était la reconnaissance qui la faisait pleurer ; on lui sut gré de ce bon sentiment. Mais l’oncle et le chemineau, qui devinaient la cause de son émotion, la plaignaient. Le chemineau lui dit tout bas :

« Pardon, mademoiselle, pardonnez-moi, je ne savais ce que je faisais. »

Pour faire finir cette scène, le général prit le bras du pauvre chemineau et présenta cet homme à toute la société comme son sauveur ; il demanda qu’on lui fît à table une place près de lui ; chacun s’empressa d’y aider en se resserrant un peu, en apportant une chaise, un couvert, en rapportant les plats déjà mangés.

Au commencement, le chemineau fut un peu confus de l’honneur qu’on lui faisait, mais il ne tarda pas à se remettre et il se mit à manger de bon appétit et à boire en homme altéré.