Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/217

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Laissez-moi ; vous faites peur au poisson avec votre grosse voix.

Diloy.

Qu’est-ce qui vous a donc retournée contre moi, mademoiselle ? Hier vous aviez été si gentille et si bonne. »

Au moment où Félicie se tournait avec violence vers le pauvre chemineau, son pied glissa ; elle eut à peine le temps de pousser un cri terrible :

« Diloy ! au secours ! »

Et elle disparut au fond de l’étang.

Diloy s’élança après elle, la rattrapa dans ses bras ; mais le bord était trop escarpé, il dut nager jusqu’à un endroit où il était possible d’aborder. Il eut soin de soutenir Félicie d’une main, tandis qu’il nageait de l’autre bras ; il la déposa sur l’herbe au milieu des cris des enfants, de Mmes d’Orvillet et de Saintluc qui accouraient au secours de Félicie.

Elle n’avait pas perdu connaissance ; elle était seulement étourdie par l’eau et par la terreur. Quand elle fut remise et sur pied, elle regarda autour d’elle et se jeta dans les bras du pauvre chemineau qu’elle venait de repousser si durement ; elle l’embrassa à plusieurs reprises.

« Diloy ! mon bon Diloy ! sans vous j’étais perdue ! C’est bien vous qui m’avez sauvée ! »

Le pauvre Diloy, heureux du service qu’il avait rendu et de la reconnaissance que lui témoignait Félicie, l’assurait qu’il n’avait fait que son devoir, et la trouvait bien bonne de lui adresser des remerciements.