Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/238

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savoir qu’il t’a sauvé la vie, que tu dois en être reconnaissante et que ma tante et mon oncle sont très peinés de ton refus.

Félicie.

Écoute, Gertrude, j’ai en toi une grande confiance et je vais te confier ce qui ne doit être su de personne ; c’est un grand secret ; promets-moi de ne pas en parler ; maman et mon oncle le savent, mais personne d’autre.

Gertrude.

Je te le promets bien volontiers, ma bonne Félicie. Sois tranquille ; ce ne sera pas moi qui trahirai ta confiance dont je suis très fière. »

Félicie lui raconta tout ce qui s’était passé entre elle et le chemineau et l’aversion très prononcée qu’elle lui avait témoignée depuis.

Félicie.

J’espérais ne jamais revoir cet homme ; je le rencontre partout. Je ne voulais lui rien devoir, et voilà qu’il me rend deux très grands services. Ce matin j’ai été touchée de son dévouement, je me suis repentie de l’avoir si mal traité ; j’ai voulu tout réparer ; mais, les premiers moments passés, j’ai été honteuse de m’être jetée dans ses bras, de l’avoir embrassée devant tout le monde ; et, quand maman m’a parlé, j’ai pensé qu’une fois établi dans la maison il me traiterait avec familiarité, qu’il me reparlerait du passé, qu’il m’humilierait sans cesse. Ne le crois-tu pas ? Et ne trouves-tu pas, maintenant que tu sais tout, que j’ai raison ?