Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/276

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trop bonne opinion de moi ; je finirai par n’avoir plus confiance en vous, et ce serait très mal à moi.

Le général, riant.

Tu n’y entends rien ; je cherche à prouver, au contraire, la grandeur de mon intelligence en te jugeant comme je le fais. Mais je dois humblement avouer que ta tante d’Orvillet m’y a beaucoup aidé avant même ton arrivée… Et à présent, ma bonne fille, que je me suis expliqué, je te laisse aller. Empêche les petits de tout mettre sens dessus dessous. Cours vite, car tu es rouge comme une cerise ; l’air te fera du bien. »

Gertrude et Félicie suivirent les enfants qui étaient déjà partis.

« C’est étonnant, dit Félicie d’un air un peu piqué, comme mon oncle t’aime ! Il te fait toujours des compliments ; à l’entendre, il n’y a de parfait que toi.

Gertrude..

C’est parce que je viens d’arriver, tu vois bien ; il veut me mettre à l’aise. Je crains bien que dans quelques jours il ne pense autrement.

Félicie.

Non, je parie qu’il te croit réellement parfaite.

Gertrude.

Ce serait donc parce qu’il est si bon qu’il me juge d’après lui-même.

Félicie.

Tu trouves qu’il est très bon ? Je ne trouve pas, moi. Il gronde souvent et bien rudement, comme font toujours les militaires.