Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/35

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ne veux pas que vous vous en alliez seule, et je ne veux pas que Laurent et Anne soient privés pour vous de leur quart d’heure de récréation. »

Félicie jeta sur sa bonne un regard moqueur et courut à la barrière, qu’elle ouvrit ; elle se précipita dans un chemin tournant bordé de haies, qui menait jusqu’au château ; quand la bonne arriva à la barrière, Félicie avait disparu.

La bonne revint près des deux enfants.

« Au fait, dit-elle, je ne peux pas la retenir de force, et je ne peux pas laisser mes deux pauvres petits pour courir après elle ; elle court plus vite que moi. Je ne pense pas qu’il lui arrive d’accident ; il n’y a pas à se tromper de chemin ; d’ailleurs une petite fille de près de douze ans peut bien se tirer d’affaire, quand elle s’obstine à faire la grande dame.

Germain.

Tout de même, mademoiselle Valérie, j’ai bonne envie de lui faire escorte sans qu’elle s’en doute, en suivant l’autre côté de la haie jusqu’à l’avenue du château.

La bonne.

Je veux bien, père Germain : je serai plus tranquille quand je vous saurai là. Emportez, par la même occasion, un de nos paniers de cerises qui est prêt ; nous vous préparons l’autre pour un second voyage ; c’est lourd à porter, vous en aurez assez d’un à la fois. »

Germain alla chercher le panier et se dirigea