Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/36

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par le même chemin qu’avait pris Félicie, mais de l’autre côté de la haie.

Il marcha assez longtemps et sans se dépêcher, pour ne pas trop secouer ses cerises ; il ne rattrapait pas Félicie. À plus de moitié chemin il crut entendre des cris ; il s’arrêta, prêta l’oreille.

« Bien sûr, c’est quelqu’un qui crie. Pourvu que ce ne soit pas un malheur arrivé à Mlle Félicie ! Ce n’est pas que je lui porte grande amitié, mais sa maman en souffrirait, et je l’aime bien, celle-là. »

Le père Germain s’était dépêché ; il n’entendait plus crier ; à un tournant du chemin il aperçut un chemineau qui arrivait en chancelant à sa rencontre.

« Mon brave homme, dit-il quand ils se furent rejoints, j’ai entendu crier tout à l’heure ; sauriez-vous ce que c’est ? »

Le chemineau, d’une voix avinée.

Si je le sais ! Je crois bien que je le sais ! Ah ! ah ! ah ! elle en a eu et c’était bien fait.

Père Germain, inquiet.

Qui ça, elle ? Qu’est-il arrivé ?

Le chemineau.

Elle ! La petite, donc. Elle avait beau gigoter, me cracher à la figure, elle l’a eu tout de même.

Germain.

Mais quoi ? Qu’a-t-elle eu ? Expliquez-vous donc, que je vous comprenne.

Le chemineau.

Il y a qu’une petite demoiselle courait ; le chemin était juste pour passer, à cause d’un tas de fagots versés au milieu du passage. La petite était