Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/38

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demment ivre et n’avait pas son bon sens. Il oublierait sans doute ce qui s’était passé.

Germain pensa que pour lui-même le mieux était de n’en pas parler.

« Mlle Félicie ne s’en vantera pas, je suppose ; elle serait trop humiliée d’avouer qu’elle a été battue par un chemineau ; monsieur et madame en seraient désolés. Décidément je n’en dirai rien. »

Et le brave Germain continua son chemin. En approchant de l’avenue du château, il trouva Félicie assise au pied d’un arbre. Il s’approcha d’elle.

Félicie, durement.

Que voulez-vous ? Pourquoi venez-vous ici ? Pourquoi êtes-vous venu avant ma bonne ?

Germain.

J’apporte un panier de cerises, mademoiselle. Il y en a un second ; ils étaient un peu lourds, j’ai mieux aimé faire deux voyages que les mettre ensemble sur une brouette ; les cerises n’aiment pas à être secouées, vous savez. Où faut-il les porter ?

Félicie, de même.

Je n’en sais rien ; demandez aux domestiques. Pourquoi me regardez-vous ? Pourquoi m’avez-vous suivie ? Avez-vous rencontré quelqu’un ?

Germain.

Personne que je connaisse, mademoiselle. Et mademoiselle n’a besoin de rien ?

Félicie.

Je n’ai besoin de personne ; j’attends ma bonne. Laissez-moi. »

Le père Germain salua et continua son chemin.