Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/152

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frédéric.

Alcide, qu’as-tu fait ? Qu’est-ce que je vais devenir ? Que puis-je dire pour m’excuser ?

alcide.

Es-tu bête, es-tu bête ! Tu n’as pas plus d’imagination que ça ? Tu vas venir de suite avec moi ; nous allons prendre la traverse pour arriver à la ville par les champs, et nous n’y entrerons qu’après midi, quand nous serons sûrs que ta mère est revenue à la ferme.

frédéric.

Mais ça ne dit pas comment les deux dindes seront disparues ?

alcide.

Parfaitement ; tu diras que tu es parti un peu plus tôt, pensant que ta mère ne tarderait pas à rentrer, que les dindes étaient dans la cour quand tu es parti. Que des chemineaux auront guetté ton départ pour voler les dindes et les vendre à la foire.

frédéric.

Des chemineaux auraient plutôt enlevé l’argent qui se trouve dans l’armoire de la salle.

alcide.

De l’argent ? Il y a de l’argent ? Tu as raison, des chemineaux ne font pas les choses à demi. Tu es sûr qu’il y a de l’argent ?

frédéric.

Très sûr ; cent vingt-trois francs, je crois, que maman a comptés hier soir et qui appartiennent à Julien.

alcide.

À Julien ? Cent vingt-trois francs ! Pas possible !