Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
frédéric.

J’en suis sûr ; c’est son imbécile d’Anglais qui lui a donné cent francs.

alcide.

C’est beaucoup trop pour un mendiant comme Julien, et, comme tu le disais, les chemineaux ne peuvent pas l’avoir laissé sans l’enlever. Montre-moi où est l’argent.

frédéric, effrayé.

Qu’est-ce que tu vas faire ?

alcide.

Tu vas voir, je vais te sauver. Va donc, dépêche-toi. Il faut que nous soyons partis dans un quart d’heure : ta mère n’a qu’à rentrer plus tôt. »

Frédéric voulut résister aux volontés d’Alcide, mais celui-ci le prit par le collet et le fit marcher jusqu’à l’armoire dans la salle.

« Où est la clef ? » dit-il d’un ton impératif.

Frédéric tremblait ; il tomba sur une chaise.

alcide.

Donne-moi la clef ou je te donne une rossée qui te préparera à celle que tu recevras de ton père, s’il te soupçonne d’avoir… d’avoir… pris tout cela. Sans compter que je dirai à ton père que je t’ai battu parce que tu m’as proposé de voler cet argent, dont moi je ne pouvais pas soupçonner l’existence. »

Frédéric, stimulé par cette menace et par une claque, lui fit voir la cachette de sa mère pour la clef. Alcide ouvrit l’armoire, trouva facilement le sac, le vida, prit soixante-trois francs qui y étaient restés, y laissa dix centimes, remit la clef dans sa