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Page:Ségur - Les Malheurs de Sophie.djvu/211

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LES MALHEURS DE SOPHIE.

talon et pique l’âne avec l’épingle. L’âne part au trot. Sophie, enchantée, pique encore et encore ; l’âne se met à galoper, et si vite que Sophie a peur ; elle se cramponne à la bride. Dans sa frayeur elle serre son talon contre l’âne ; plus elle appuie, plus elle pique ; il se met à ruer, à sauter, et il lance Sophie à dix pas de lui. Sophie reste sur le sable, étourdie par la chute. Paul, qui était demeuré en arrière, accourt, effrayé ; il aide Sophie à se relever ; elle avait les mains et le nez écorchés.

« Que va dire maman ? dit-elle à Paul. Que lui dirons-nous quand elle nous demandera comment j’ai pu tomber ?

paul.

Nous lui dirons la vérité.

sophie.

Oh ! Paul ! pas tout, pas tout ; ne parle pas de l’épingle.

paul.

Mais que veux-tu que je dise ?

sophie.

Dis que l’âne a rué et que je suis tombée.

paul.

Mais l’âne est si doux, il n’aurait jamais rué sans ta maudite épingle.

sophie.

Si tu parles de l’épingle, maman nous grondera : elle nous ôtera l’âne.

paul.

Moi, je crois qu’il vaut mieux toujours dire la