Page:Ségur - Les Malheurs de Sophie.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
LES MALHEURS DE SOPHIE.

nous piquerons dans mon soulier ; la tête sera en dedans du soulier, et la pointe sera en dehors.

paul.

Tiens, mais c’est très bien imaginé ! As-tu une épingle ?

sophie.

Non, mais nous pouvons retourner à la maison ; je demanderai des épingles à la cuisine : il y en a toujours de très grosses. »

Paul monta en croupe sur l’âne, et ils arrivèrent au galop devant la cuisine. Le cuisinier leur donna deux épingles, croyant que Sophie en avait besoin pour cacher un trou à sa robe. Sophie ne voulut pas arranger son éperon devant la maison, car elle sentait bien qu’elle faisait une sottise, et elle avait peur que sa maman ne la grondât.

« Il vaut mieux, dit-elle, arranger cela dans le bois ; nous nous assoirons sur l’herbe, et l’âne mangera pendant que nous travaillerons ; nous aurons l’air de voyageurs qui se reposent. »

Arrivés dans le bois, Sophie et Paul descendirent ; l’âne, content d’être libre, se mit à manger l’herbe du bord des chemins. Sophie et Paul s’assirent par terre et commencèrent leur ouvrage. La première épingle perça bien le soulier, mais elle plia tellement qu’elle ne put pas servir. Ils en avaient heureusement une autre, qui entra facilement dans le soulier déjà percé ; Sophie le mit, l’attacha. Paul rattrapa l’âne, aida Sophie à monter dessus, et la voilà qui donne des coups de