Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/120

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superbe chambre au rez-de-chaussée, près du salon ; les autres sont en haut. Ils sont tous enchantés. Quel dommage que tu ne puisses pas venir passer ici une quinzaine aux vacances ! Tu ne trouverais plus Valentine qui va à Méry avec ton oncle et ta tante pour les vacances, avec Louis (dit Loulou encore cette année) ; elle est bien bonne, douce et gentille ; Armand l’aime beaucoup. Tout le monde va bien ; moi aussi ; je t’embrasse bien tendrement, cher enfant. Le jour de ta sortie, achète des verres d’eau [1] avec Methol, car il va faire peut-être très chaud en juillet. J’embrasse bien mon petit Paul ; remets-lui la lettre ci- jointe…

Grand’mère de Ségur.


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Kermadio, 18 juillet 1872.

Cher petit chéri, je voulais t’écrire depuis dimanche pour t’annoncer ma prochaine arrivée ; j’en ai été empêchée par de grands déjeuners, par une volumineuse correspondance et par… une horrible paresse qui m’a portée à lire au lieu d’écrire. J’ai l’intention de partir d’ici le jour de Saint-Loup… J’ai fait l’autre jour un plaisir extrême à Armand ; je lui ai fait venir de Paris un charmant fusil à deux coups bien à sa taille, à sa couche, et excellent, paraît-il, avec canon de Saint-Étienne et ciselé très élégamment. Il sautait de joie ; mais l’élan a été arrêté par sa mère qui a jugé, dans sa grande inexpérience féminine, qu’un fusil à deux coups était dangereux ; et elle lui a défendu de s’en servir avant l’âge de quinze ans. Il a été

  1. Morceaux de sucre préparés au citron à l’avance, etc., fondant instantanément dans l’eau.