Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/121

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consterné, le pauvre garçon ; mais tout ce qu’on a pu dire à ta tante n’y a rien fait ; le fusil est resté au clou et y restera jusqu’à ce que l’accès d’entêtement soit passé. Dieu veuille que ce soit bientôt et que le supplice du pauvre Armand soit abrégé. Pierre, Henri, Jean, Henriette et Marie-Thérèse doivent demain jouer la comédie en honneur de ma naissance et de celle de ton oncle Edgar, 19 juillet. Je ne connais pas la pièce ; elle s’appelle l’Affaire de la rue de Lourcine. On ne nous permet pas d’assister aux répétitions, mais Élisabeth nous a dit que Pierre jouait parfaitement, Jean bien, Henriette assez bien, et Henri et Marie-Thérèse horriblement ; ils sont comme des termes, ne bougent ni pieds ni pattes, bredouillent bas et incompréhensiblement. On espère qu’à force d’être repris, bafoués, bousculés, ils parleront plus intelligiblement et moins bas et feront les mouvements les plus indispensables pour qu’on voie qu’ils sont de vraies créatures humaines bien vivantes [1]. Jeté rendrai compte de l’exécution. — J’espère qu’aujourd’hui vous avez eu une sortie de faveur ; Méthol me l’écrira demain. Adieu, mon cher petit chéri, je t’embrasse bien tendrement, ainsi que le petit Paul.

Grand’mère de Ségur.


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Kermadio, 21 juillet 1872.

Cher enfant, notre comédie a été jouée parfaitement avant-hier, jour de ma naissance (73 ans) et de celle de ton oncle Egar (47 ans). Pierre et Jean ont joué comme des comédiens finis, avec un entrain, une gaieté charmante.

  1. Ils jouent délicieusement la comédie à présent. Il est curieux d’apprendre cette inexpérience dans les répétitons, après avoir cons- taté leur jeu charmant d’aujourd’hui.