Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/136

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Malaret, 1873, 12 février.

Merci, mon Jacques chéri, de ta bonne, longue, intéressante lettre, qui me donne des nouvelles de ta sortie du mois ; samedi prochain tu auras 16 ans et ne pouvant être près de toi, je t’envoie un souvenir de 25 fr. pour me représenter… Je suis bien contente, cher enfant, de te voir prendre un intérêt réel à tes études devenues sérieuses ; Louis en est là aussi depuis qu’il a un précepteur bon, juste et sachant intéresser la leçon ; je crois qu’il pourra te rattraper, car il s’applique à son travail, et son précepteur M. L., qui est professeur de seconde et rhétorique depuis l’âge de 18 ans, se fait fort de lui faire passer son examen de bachelier dans deux ans. Vous le passerez probablement en même temps. Je te félicite, cher ami, de ta correspondance suivie avec maman… Cela me prouve combien tu as gagné dans le cœur de maman ; depuis des années, j’attends qu’on rende justice à tes excellentes et aimables qualités de cœur et d’esprit ; t’y voilà enfin arrivé et j’en éprouve un vrai bonheur, car je sens si bien ce que tu vaux et ce que tu es et as toujours été, que je ressens tes succès et l’affection que tu inspires comme pour ma propre personne. — Nous avons un temps horrible depuis deux ou trois jours et un froid de janvier ; tout est blanc de neige et les mares sont gelées. Je crains pour tes engelures qu’elles ne soient recommencées. Tu devrais acheter une paire de gants de castor ou de laine tricotés… Adieu, mon cher bon enfant, je t’aime et te bénis de tout mon cœur.

Grand’mère de Ségur.


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