Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/21

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plus retrouver Livet ; il a probablement fait connaissance avec des amis furets ; et il vit là-bas, dans un terrier volé aux pauvres lapins, avec quelques amis, et il se réjouit d’avoir recouvré sa liberté. Des gens qui travaillent près de là, l’ont entendu dire : « Si vous saviez, mes amis, quelle horrible vie mène un pauvre furet prisonnier ; toujours enfermé dans une prison noire, petite, puante ; peu à manger, souvent battu. Moi, j’avais heureusement un bon, excellent petit maître (le furet pleure, essuie ses yeux avec sa petite patte et continue d’une voix tremblante : ) un maître que j’aimais, qui me faisait sortir, prendre l’air, qui avait la bonté de me lâcher près des terriers de ses lapins ; j’en tuais des douzaines, je suçais leur sang, puis je sortais quand je me sentais devenir ivre, et j’arrivais près de M. Jacques, mon bon petit maître. (Le furet pleure.) Hi… hi… hi… ça me fait de la peine de ne pas le voir ; il est si bon ! je l’aime tant ! » Les autres furets ennuyés l’ont laissé pleurer et ne sont revenus que le soir ; ton furet était consolé, mais encore triste. Adieu, mon cher petit Jacquot ; te voilà à l’âge de raison ; je t’embrasse encore bien tendrement.

Grand’mère de Ségur.


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Mon bon petit Jacques, je te remercie de ton joli bouquet qui embaume ; j’ai trouvé le bout de la trompette ; il était dans le panier à joujoux ; je te l’envoie… Fais-moi dire de tes nouvelles par le facteur, et de celles de Paul et de maman…

Je te porterai du raisin, et je déposerai une couronne sur la tombe de notre chère petite Marguerite.

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Je t’envoie deux grappes de raisin que Méthol m’a