Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/321

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les mains, et emportèrent Passe-Partout dans une autre salle.

La nuit était bien avancée ; on attendait avec impatience le brigadier de gendarmerie ; il arriva au petit jour, escorté de quatre gendarmes, car on leur avait dit qu’il s’agissait de l’arrestation de deux voleurs. Les papas de mes petits maîtres lui racontèrent tout ce qui était arrivé, et lui firent voir les papiers et les couteaux trouvés dans les poches des voleurs.

« Ce genre de couteaux, dit le brigadier, indique des voleurs dangereux qui assassinent pour voler : ce qui, du reste, est facile à voir d’après leurs papiers, qui sont des indications de vols à faire dans les environs. Je ne serais pas surpris que ces deux hommes fussent les nommés Finot et Passe-Partout, des brigands très dangereux échappés des galères, et qu’on cherche dans plusieurs départements où ils ont commis des vols nombreux et audacieux. Je vais les interroger séparément ; vous pouvez assister à l’interrogatoire, si vous le désirez. »

En achevant ces mots, il entra dans la serre, où était resté Finot. Il regarda un instant et dit :

« Bonjour Finot ! tu t’es donc laissé reprendre ? »

Finot tressaillit, rougit, mais ne répondit pas.

« Eh bien ! Finot, dit le brigadier, nous avons perdu notre langue ? Elle était pourtant bien pendue au dernier procès.

— À qui parlez-vous, monsieur ? répondit Finot