Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/42

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ne garantissait la véracité, et qui n’avait aucun motif de lui porter intérêt au point de risquer sa vie pour lui rendre service ; elle le crut, parce qu’il l’avait flattée. Elle ne regarda plus du même œil reconnaissant l’existence douce et heureuse que lui avaient faite Bonne-Biche et Beau-Minon : elle résolut de suivre les conseils du Perroquet.

« Pourquoi, Bonne-Biche, lui demanda-t-elle dans la journée, pourquoi ne vois-je pas parmi toutes vos fleurs la plus belle, la plus charmante de toutes, la Rose ? »

Bonne-Biche frémit, se troubla et dit :

« Blondine, Blondine, ne me demandez pas cette fleur perfide qui pique ceux qui la touchent. Ne me parlez jamais de la Rose, Blondine ; vous ne savez pas ce qui vous menace dans cette fleur. »

L’air de Bonne-Biche était si sévère, que Blondine n’osa pas insister.

La journée s’acheva assez tristement. Blondine était gênée ; Bonne-Biche était mécontente ; Beau-Minon était triste.

Le lendemain, Blondine courut à sa fenêtre ; à peine l’eut-elle ouverte que le Perroquet entra.

« Eh bien, Blondine, vous avez vu le trouble de Bonne-Biche quand vous avez parlé de la Rose ? Je vous ai promis de vous indiquer le moyen d’avoir une de ces fleurs charmantes ; le voici : vous sortirez du parc, vous irez dans la forêt, je vous accompagnerai, et je vous mènerai dans un jardin où se trouve la plus belle Rose du monde.

— Mais comment pourrai-je sortir du parc ?