Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/41

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aujourd’hui je ne puis vous en dire davantage, car Bonne-Biche va venir ; mais pour vous assurer des vertus de la Rose, demandez-en une à Bonne-Biche ; vous verrez ce qu’elle vous dira. À demain, Blondine, à demain. »

Et le Perroquet s’envola, bien content d’avoir jeté dans le cœur de Blondine les premiers germes d’ingratitude et de désobéissance.

À peine le Perroquet fut-il parti, que Bonne-Biche entra ; elle paraissait agitée.

« Avec qui causiez-vous donc, Blondine ? dit Bonne-Biche en jetant sur la croisée ouverte un regard méfiant.

— Avec personne, Madame, répondit Blondine.

— Je suis certaine d’avoir entendu parler.

— Je me serai sans doute parlé à moi-même. »

Bonne-Biche ne répliqua pas ; elle était triste, quelques larmes même roulaient dans ses yeux. Blondine était aussi préoccupée ; les paroles du Perroquet lui faisaient envisager sous un jour nouveau les obligations qu’elle avait à Bonne-Biche et à Beau-Minon. Au lieu de se dire qu’une biche qui parle, qui a la puissance de rendre intelligentes les bêtes, de faire dormir un enfant pendant sept ans, qu’une biche qui a consacré ces sept années à l’éducation ennuyeuse d’une petite fille ignorante, qu’une biche qui est logée et servie comme une reine n’est pas une biche ordinaire ; au lieu d’éprouver de la reconnaissance de tout ce que Bonne-Biche avait fait pour elle, Blondine crut aveuglément ce Perroquet, cet inconnu dont rien