Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/303

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juliette.

Pas si vite, pas si vite, Charles ! Tu me fais courir ! Je suis tout essoufflée. On nous prendra pour deux échappés de prison.

charles.

Pardon, pardon, ma pauvre Juliette ; je croyais que nous allions doucement. Au reste, nous voici arrivés. Adieu, Juliette, au revoir bientôt. »

Il la mena jusqu’à sa chambre, l’établit dans son fauteuil, et repartit en courant. Juliette rit de bon cœur de son empressement à la quitter et reprit son tricot, en songeant avec bonheur à la douceur et à la sagesse de Charles.

Donald l’attendait de pied ferme ; Charles sauta dans la carriole, et le cheval partit au grand trot. Un quart d’heure après, ils étaient à la ferme de Cedwin ; on hissa la truie sur la carriole, mais non sans peine, car elle se débattait, elle poussait des cris aigus, et Charles, en aidant à la contenir et à l’attacher, attrapa deux ou trois coups de dents qui l’indisposèrent contre la bête. Ils repartirent ; à quelques pas de la ferme, Charles demanda à conduire le cheval.

donald.

Pas celui-ci, Monsieur Charles, il n’est pas facile à mener ; une autre fois, quand nous aurons la vieille jument noire, je vous laisserai mener.

charles.

Vous faites toujours des embarras, Donald ! Quel danger peut-il y avoir à conduire un cheval sur la grande route ? Il n’y a qu’à marcher droit devant soi.