Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/395

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ARGUMENT.

Le traité du Repos ou de la Retraite du sage forme-t-il un ouvrage séparé dont les vingt-sept premiers chapitres ont été perdus ? Doit-il, à cause de la conformité du titre, être placé à la suite du traité de la Constance du sage ? Cette opinion est soutenue par des autorités dont le poids égale le nombre : ce ne sont rien moins que les Muret, les Juste-Lipse, les Fabricius, les Ernesti ; puis, après eux, Ruhkopf et M. Bouillet, jeune et savant éditeur de Sénèque, qui fait partie de la collection des Classiques Latins de M. Lemaire. Toutefois, je l’avoue ici franchement, après avoir pesé les argumens, leur opinion me paraît peut-être moins probable que l’avis de ceux qui regardent le Repos du sage comme un complément de la Vie heureuse. Si pour l’opinion contraire se trouve la conformité du titre, on peut alléguer, à l’appui de l’autre, l’exact rapport des chiffres de chapitres ; mais je suis loin de prétendre que cette raison soit bien concluante. Seulement, sans entrer dans une discussion qui ne conduirait qu’à des doutes, et dont la solution me semble indifférente[1], j’ai cru devoir suivre l’ordre des plus anciennes éditions de Sénèque. Il a été adopté par tous les traducteurs depuis Chalvet jusqu’à La Grange ; et Diderot n’hésite pas à dire : « On ne peut guère douter que ce petit traité ne soit la continuation de celui qui précède » (le traité de la Vie heureuse). Enfin, si quelque chose pouvait me donner confiance en l’opinion à laquelle je me suis arrêté, c’est qu’elle se trouve d’accord avec le sentiment du docte académicien qui s’est chargé de traduire les traités de la Vie heureuse et du Repos du sage.

Dans ce dernier livre, Sénèque débute par cet axiôme : « Les cirques, par un grand assentiment, nous recommandent les

  1. Voyez à la fin des notes sur ce traité une remarque curieuse à ce sujet tirée de La Grange.