Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/397

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les autres, » distingue trois genres de vie, vie active, vie contemplative, vie voluptueuse ; et, avec sa subtilité habituelle, il essaie de prouver que tous trois participent réciproquement l’une de l’autre : de même qu’on ne contemple point sans se livrer à une action, de même l’action est dirigée par la contemplation : enfin la volupté, qui n’est jamais sans but, admet aussi action et contemplation. Notre philosophe en conclut que la contemplation est admise dans tous les systèmes : elle est le but de plusieurs : pour nous elle est une station et non pas un port. Au surplus, qu’importe par quels motifs le sage embrasse la retraite, si c’est lui qui manque à l’état ou si c’est l’état qui lui manque ? Passant alors en revue tous les gouvememens, Sénèque n’en trouve pas un seul auquel le sage puisse convenir, et qui puisse convenir au sage (xxxii).

Tout ce que ce traité peut présenter de paradoxal en faveur de l’abus d’une vie contemplative, se trouve corrigé par Sénèque lui-même dans le traité de la Tranquillité de l’âme (iii) ; et l’on peut le voir, dans ses lettres, dire de lui-même qu’il dédaignerait d’étudier et d’apprendre s’il devait conserver pour lui seul tout ce qu’il aurait appris, et s’il ne pouvait communiquer sa science aux autres. Laissons donc ce qu’il peut y avoir d’un peu trop subtil dans les chapitres que nous possédons sur le Repos du sage, et méditons avec fruit les incontestables vérités qui s’y trouvent.

Ce traité a été traduit par Chalvet, les Fargues, La Grange ; en partie par La Beaumelle : Diderot et le sénateur Vernier en ont fait l’un et l’autre une analyse intéressante.

C. D.