Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de haute taille se tiennent en première ligne..Supportez les offenses, les paroles outrageantes, les diffamations, toutes les avanies de ce genre, comme on souffre les clameurs de l’ennemi, et les dards lancés de trop loin, et les pierres qui, sans blesser, tombent sur le casque et ne font que du bruit. Voyez, dans les injures plus graves, des traits qui percent tantôt vos armes, tantôt votre poitrine ; qu’elles ne vous abattent point, qu’elles ne vous fassent point reculer d’un pas. Investi, pressé par une force supérieure, pensez toujours que céder est une honte ; défendez le poste que vous assigna la nature. Et quel est-il ? celui d’homme de cœur. Le sage a de tout autres auxiliaires que vous, qui êtes encore aux prises : ses premières victoires le protègent. Toutefois ne soyez point rebelle à vos intérêts : sur la route de la vérité, nourrissez l’espoir d’y atteindre comme lui ; embrassez avec amour des doctrines meilleures, et appuyez-les de vos discours comme de vos suffrages. Qu’il existe une âme invincible, une âme contre laquelle la fortune ne puisse rien, voilà ce qui importe à la république du genre humain.