Page:Sénèque - Œuvres de Sénèque le philosophe, Tome 2, trad Baillard et du Bozoir, 1860.djvu/279

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dormir sous des lambris dorés, transporter des terres, emprisonner des mers, précipiter des fleuves en cascades, planter des forêts suspendues. Qu’ils voient aussi de la grandeur dans l’avarice : elle couche sur des monceaux d’or et d’argent, cultive des champs qui pourraient s’appeler des provinces, et confie à chacun de ses fermiers des départements plus étendus que le sort n’en assignait aux consuls. Qu’ils en voient aussi dans la luxure qui franchit les mers, arrache leur virilité à des milliers de jeunes esclaves, et affrontant la mort, prostitue l’épouse vénale jusque sous le glaive de l’époux. Qu’ils envoient enfin dans l’ambition, qui, peu satisfaite des honneurs annuels, voudrait, s’il était possible, attacher son nom aux fastes de tout un siècle, et remplir l’univers de ses titres. Toutes ces passions auront beau s’exhausser et s’étendre au dehors, elles n’en seront pas moins étroites, misérables et basses. Il n’y a d’élevé et de sublime que la vertu ; et rien ne peut être grand que ce qui est en même temps calme.