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orateur ; Virgile, Auguste, Turanius, et Aristius Fuscus, ami d’Horace, écrivirent pour la scène tragique. Quintilien parle avec éloge d’une Médée d’Ovide ; mais rien ne reste de ces compositions, qui seules pourraient nous donner une juste idée de la tragédie latine. Cicéron lui-même avait traduit, à ce qu’il paraît, un grand nombre de pièces du théâtre grec ; en général, presque tous les écrivains latins, mais surtout les orateurs, avaient traité ce genre comme un exercice utile pour l’éloquence.

Après Auguste, sous les règnes de Caligula et de Claude, peu de temps avant Sénèque, fleurit un auteur de tragédies, le meilleur de l’époque, au jugement de Quintilien[1] : c’est Pomponius Secundus. Tacite parle d’un décret impérial tendant à réprimer l’irrévérence du peuple envers ses ouvrages, et l’auteur du Dialogue sur la corruption de l’éloquence le cite comme un exemple de la vie honorable et glorieuse que donne le culte des Muses ; mais il ne nous est rien resté de ses ouvrages, non plus que de ceux de Maternus, l’un des interlocuteurs du même Dialogue, homme de talent, qui avait aussi composé quatre tragédies, Médée, Thyeste, Caton et Domitius. Ces deux dernières étaient tirées de l’histoire romaine, comme leur titre même l’indique ; mais en général les sujets des tragédies latines étaient empruntés à la tragédie grecque. Horace parle avec éloge des écrivains qui avaient osé mettre sur la scène des faits tirés de l’histoire nationale, celebrare domestica facta.

  1. Institution oratoire, livre X, I, 98.