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celle de l’Antigone de Sophocle sur l’œuvre de quelque mauvais poète du même temps ; nous concevons que les pièces d’un théâtre puissent être classées suivant leur mérite relatif, parce que la raison de ce jugement est prise dans les conditions mêmes de l’époque ; mais qu’on doive abaisser un siècle pour en élever un autre, en les jugeant du point de vue d’un idéal qu’on ne connaît pas encore, c’est à quoi nous ne pouvons souscrire.

Le Théâtre de Sénèque, nous l’avons déjà dit, représente, pour nous, toute la tragédie latine. Le temps ne nous a rien laissé des poëmes de ce genre qui furent écrits au siècle d’Auguste, et de tous ceux des temps antérieurs il ne nous reste que de très-courts fragmens. Ce fut l’an de Rome 514, que Livius Andronicus donna, pour la première fois, ce spectacle aux Romains : ses tragédies étaient des traductions du grec. Après lui vint Névius, dont Horace[1] disait qu’on ne lisait pas les ouvrages, mais qu’on les savait par cœur ; il fut suivi d’Ennius, le plus chaud partisan des Grecs au temps de la seconde guerre punique de Pacuvius, à qui Cicéron paraît accorder le premier rang dans ce genre[2] ; d’Accius enfin ou Attius, dont Horace[3] vante la profondeur. On parle aussi d’un Afranius, poète comique, mais qui composa quelques tragédies. Ce fut le premier âge du théâtre latin.

Plus tard, on dit que Varron, le plus savant des Romains, Jules César, Quintus Cicéron, frère du grand

  1. Voyez Horace, Épitres, liv. II, ép. 1.
  2. Voyez de Optimo genere oratorum, in initio.
  3. Horace, au lieu déjà cité.