Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/537

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Page 409. Alors les coursiers éperdus ne savent plus obéir à la voix qui leur commande.

La frayeur les emporte et, sourds à cette fois,
Ils ne connaissent plus ni le frein ni la voix ;
En efforts impuissans leur maître se consume ;
Ils rougissent le mors d’une sanglante écume, etc.

(RACINE, Phèdre, acte V, sc. 6.)

Page 411. Hippolyte renversé tombe sur le visage.

· · · · · · · · · · L’intrépide Hippolyte
Voit voler en éclats tout son char fracassé ;
Dans les rênes lui-même il tombe embarrassé, etc.

(Ibid.)

Citons encore le vieux poète Garnier, non pour en rire, mais pour juger le progrès du style et du goût.

Il est contraint de choir, et de malheur advient
Qu’une longue lanière en tombant le retient
Il demeure empestré ; le nœud toujours se serre,
Et les chevaux ardents le traînent contre terre,
À travers les halliers et les buissons touffus,
Qui le vont deschirant avec leurs doigts griffus.
La teste lui bondit et ressaulte, et sanglante,
De ses membres saigneux la terre est rougissante ;
Comme on voit un limas qui rampe adventureux
Le long d’un sep tortn laisser un tract glaireux,
Son estomac ouvert d’un tronc pointu, se vuide
De ses boyaux traînés sous le char homicide ;
Sa belle âme le laisse et va conter là-bas,
Passant le fleuve noir, son angoisseux trespas.
De ses yeux éthérés la luisante prunelle,
Morte, se va couvrant d’une nuit éternelle.

Tout son corps devient une proie dont chaque arbre de la route accroche un lambeau.

De son généreux sang la trace nous conduit,
Les rochers en sont teints ; les ronces dégouttantes
Portent de ses cheveux les dépouilles sanglantes.

(RACINE, Phèdre, acte V, sc. 6.)