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NOTES

SUR ŒDIPE.


Acte Ier. Page 7. Œdipe, et ensuite Jocaste. Les commentateurs ne s’accordent pas sur la question de savoir si Jocaste est présente sur le théâtre dès le commencement de cette première scène. Quelques-uns ont pensé qu’il y aurait peu de galanterie à supposer qu’Œdipe ait le courage de raconter, de moraliser, de gémir si long-temps comme s’il était seul, et sans faire attention à sa femme. Nous avons partage ce sentiment, et nous donnons à entendre que Jocaste n’entre en scène que pendant la déclamation du roi, sans fixer le moment de son entrée. Le dernier traducteur l’introduit sur la scène dès le commencement ; mais, pour rendre son rôle moins passif, il lui met dans la bouche le 18e vers :

Est majus aliquod patre mactato nefas ?

Cet expédient, qui a l’avantage de ne pas laisser une femme trop long-temps sans parler, ne nous a pourtant pas séduit. Cette réflexion nous paraît froide et peu convenable dans sa bouche et nous supposons qu’elle entre vers le milieu du monologue, qu’elle interrompt d’ailleurs fort à propos.

Page 9. Je ne cherchais pas le trône où suis monté. Œdipe veut dire qu’il est monté sur le trône par accident, et non par un effet de sa volonté : In regnum incidi, mot à mot « Je suis tombé sur le trône ; je l’ai rencontré par hasard. » (Voyez Sophocle, Œdipe-Roi, act. ii, sc. 2.) Le commentateur de Lemaire a fait, sur ce passage, une excellente note philologique, et cité deux passages, l’un de Sénèque et l’autre de Cicéron, qui montrent