Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/373

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doit à cette donnée les plus beaux vers de sa tragédie des Troyennes ; les voici :

Tu frémis ! Plonge-toi dans le sein de la mort :
Voici le seul asile où te réduit le sort.
O mon fils, tu naquis pour régner sur l’Asie,
Il te reste un tombeau pour y cacher ta vie.
Et toi, mon cher Hector, sois sensible à mes cris,
De tes mânes sacrés enveloppe ton fils.
Creuse jusques au Styx ta demeure profonde,
Et cache mon dépôt sous l’épaisseur du monde.
Tu me l’as confié, j’attends aussi de toi
Que ton ombre le couvre, et le rende à ma foi.
(Chateaubrun, Troyennes, acte iii, sc. 4.)

Page 169. J’ai su déjouer ces ruses de mère. Clytemnestre, mère d’Iphigénie ; et Thétis, mère d’Achille.

Où est Hector, où sont tous les Troyens ? Cette réponse d’Andromaque nous paraît très-belle, et prouve que Sénèque ne s’égare pas toujours en cherchant le sublime.

Page 171. Cet amour même, dans lequel vous vous retranchez. Cette réflexion d’Ulysse est pleine de sens, et Châteaubrun l’a reproduite :

Madame, vos refus ne nous ont point surpris ;
Mais déjà vos terreurs ont jugé votre fils :
Plus vous appréhendez ce fatal sacrifice,
Et mieux vous nous prouvez quelle en est la justice, etc.

Page 175. Vous savez bien qu’il est mort. Cette scène est déchirante, et la manière dont Ulysse épie chaque mouvement d’une femme que son cœur doit trahir, cette adresse à provoquer de sa part des manifestations qui seront pour son fils des arrêts de mort, le calcul froid de ce qu’il y a de moins raisonné dans les sentimens humains, tout cela sans doute doit émouvoir, mais aussi déchirer l’âme du spectateur. Nous croyons que Sénèque eût bien fait d’abréger cette lutte affreuse entre l’oiseau craintif qui couvre ses petits, et l’oiseau ravisseur qui tourne autour de lui, et le fascine de ses regards.

Page 177. Plût au ciel que je craignisse. Ce mensonge est élo-