Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/388

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Page 247. Il me reste Médée. Corneille a copié ce passage :

Votre pays vous hait, votre époux est sans foi :
Dans un si grand revers que vous reste-t-il ? — Moi !
Moi, dis-je, et c’est assez — Quoi ! vous seule, madame ?
— Oui, tu vois en moi seule et le fer et la flamme,
Et la terre et la mer, et l’enfer et les cieux,
Et le sceptre des rois et la foudre des dieux.

Page 249. Non, quand ils seraient fils de la Terre. Médée fait allusion à ces guerriers fils de la Terre, nés des dents du dragon de Colchos, et que Jason avait vaincus par son secours.

Je me repens d’avoir fui déjà. C’est-à-dire d’avoir quitté la Colchide, en se dérobant avec Jason.

Je trouverai peut-être un moyen de l’arrêter. Médée a rappelé plus haut qu’elle avait arrêté la poursuite de son père en semant sur sa route les membres de son frère Absyrte.

Page 251. Retire-toi vite, malheureuse ! Longepierre a traduit, sans l’adoucir, cette violente apostrophe :

Va, sors de mes états, sors, barhare étrangère,
Abandonne Corinthe, et cours en d’autres lieux
Porter tes attentats et le courroux des dieux,
D’un monstre tel que toi délivre mon empire,
Cesse d’infecter l’air qu’en ces lieux on respire ;
De ton horrible aspect ne souille plus ces lieux,
Et n’empoisonne plus la lumière des cieux.
(Longepierre, Médée, acte ii, sc. 3.)

Page 253. Juste ou injuste, il faut obéir au commandement d’un roi. On trouvera peut-être cette phrase peu correctement écrite, mais il fallait rendre le mouvement et la concision du texte : Equum atque iniquam, etc. Voici d’ailleurs une citation de Racine qui nous justifiera mieux :

Chacun devait bénir le bonheur de son règne ?
— Heureux ou malheureux, il suffit qu’on me craigne.
(Britannicus.)

Celui qui juge sans avoir entendu les deux parties. C’est le principe de la défense qu’invoque ici Médée. Un jugement n’est juste qu’autant qu’il est rendu contradictoirement, et l’accusé entendu.