Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/394

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· · · · · · · · · · Crois-tu qu’une princesse
Puisse jamais cacher sa haine et sa tendresse ?
Des courtisans sur nous les inquiets regarda
Avec avidité tombent de toutes parts.
A travers les respects,leurs trompeuses souplesses
Pénètrent dans nos cœurs et cherchent nos faiblesses.
A leur malignité rien n’échappe et ne fuit
Un seul mot un soupir, un coup d’œil nous trahit
Tout parle contre nous, jusqu’à notre silence
Et quand leur artifice et leur persévérance
Ont enfin malgré nous arraché nos secrets,
Alors avec éclat leurs discours indiscrets,
Portant sur notre vie une triste lumière,
Vont de nos passions remplir la terre entière.

VOLTAIRE, OEdipe, acte III, sc. 2.)

Page 25. Il se prend d’amour pour Briséis, … et ne rougit pas de l’arracher ainsi des bras de son époux. Briséis n’était point l’épouse d’Achille, et nous aurions pu rendre viri par ce guerrier ; mais nous avons cru que l’intention de Clytemnestre était de jeter de l’odieux sur son époux en supposant Achille plus étroitement uni à Briséis qu’il ne l’était réellement : ce qui nous confirme dans cette idée, c’est l’exclamation qui suit : « Voilà donc l’ennemi de Paris ! »

Page 31. Se repentir de ses fautes c’est être presque innocent. — Aliud est cito surgere, aliud est non cadere, « Ce n’est pas la même chose, de se relever promptement et de ne pas tomber,» dit saint Augustin, Confess., liv. X, § 57 ; mais l’autre maxime est plus proportionnée à la faiblesse humaine, et Sidoine Apollinaire lui-même l’a proclamée : Vicinatur innocentiœ festina correctio. (SIDONIUS, Epist. VI, 9.) Et Voltaire en a fait un vers sublime.

Si Dieu n’ouvrait ses bras qu’à la seule innocence,
Qui pourrait de son temple embrasser les autels ?
Dieu fit du repentir la vertu des mortels.

(Olympie, acte II, sc. 2.)

L’hymen est comme le trône, il ne souffre point de partage. Ovide avait dit :

Non bene cum sociis regna Venusque manent.
(Art. amat., lib. III, v. 564.)