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par Néron : « Adnotabant seniores quibus otiosum est vetera et præsentia contendere, primum ex iis qui rerum potiti essent, Neronem alienæ facundiæ eguisse. » (Tacit., Annal. lib. xiii, cap. 3.) On croit qu’il écrivit aussi l’Apokolokyntosis, ou métamorphose de Claude en citrouille, excellente parodie de l’oraison funèbre. Du reste il ne fit de mal que celui dont il ne put se dispenser, et il empêcha tout celui qu’il put. S’il proposa à Burrhus dé faire tuer Agrippine par les soldats « Post Seneca hactenus promptior, respicere Burrhum ac sciscitari an militi cædes imperanda esset, » (Annal, lib. xiv, cap. 7) il arrêta plus d’une fois le sang prêt à couler, « ibatur in cædes, nisi Afranias Burrhus et Annæus Seneca obviam issent. » (Ib., lib. xiii, cap. 2.) Du reste, il nous semble que Racine a bien fait de choisir Burrhus plutôt que Sénèque, pour l’opposer à la corruption de la cour impériale. Voyez la préface de Britannicus.

Page 323. Pour faire place à une génération nouvelle et meilleure. Un commentateur croit que, par cet avènement d’une race nouvelle et meilleure, Sénèque fait allusion à la régénération du monde par le christianisme. L’idée du philosophe n’était peut-être pas aussi précise ; mais nous ne voyons nul inconvénient à faire rentrer les prophéties païennes dans celles des Hébreux. Le Pollion de Virgile n’eut pas non plus, dans l’idée du poète, le degré de précision qu’on a pu lui donner depuis : c’est l’évènement qui met la prophétie dans tout son jour et lui assigne son véritable sens.

Page 327. Tous les vices, lentement amassés pendant tant de siècles, débordent aujourd’hui sur nous. Cette pensée frappe au premier coup d’œil par un air de grandeur ; mais elle est complètement fausse. Le mal étant une corruption du bien, c’est-à-dire une pure négation, n’est conséquemment que l’absence d’une chose, et l’on ne peut pas dire qu’on amasse l’absence d’une chose. « Optima pessimi corruptio ; » la corruption romaine correspond à la grandeur du corps en dissolution.

Qu’on m’apporte les têtes de Plautus et de Sylla. Néron, dit Tacite, Annales liv. xiii, chap. 67, se défiait de Cornelius Sylla, descendant du dictateur, homme nul et sans moyens, dont il regardait la sottise comme une dissimulation qui cachait de pro-