Page:Sénèque - Tragédies (éd. Cabaret-Dupaty), 1863.djvu/159

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Calmez ces emportements de la douleur. Laissez-vous attendrir aux maux de tout un peuple, et soyez entre vos deux fils l'arbitre d'une heureuse paix.


Œdipe. — Suis-je donc un vieillard débonnaire ? Trouves-tu en moi un homme assez ami de la paix pour la pouvoir conseiller aux autres ? Mon cœur est gonflé de colère ; la rage bouillonne dans mon sein, et mes vœux appellent de plus grands crimes que le Destin et l'emportement de la jeunesse n'en réservent à ces furieux. Ce n'est pas assez de la guerre civile : que le frère tombe expirant sur le frère déjà mort. C'est encore trop peu : pour que le crime s'accomplisse d'une manière digne de moi, digne de mon hymen, donnez des armes à votre père... Ne me retirez donc pas de ces forêts ; laissez-moi me cacher dans les flancs de ce rocher ou derrière ces buissons épais. Là j'ouvrirai une oreille avide aux récits de la renommée, et j'apprendrai les affreux combats que vont se livrer ces deux frères. C'est le seul rôle qui me convienne...


ACTE III


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