Page:Sénèque - Tragédies (éd. Cabaret-Dupaty), 1863.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le commencement est perdu.)|arguments-multiples}}


Scène I

Jocaste, Antigone, Un Messager


Jocaste. — Heureuse Agavé ! Cette ménade fit trophée de l'horrible attentat quelle avait commis, et porta au bout de son thyrse sanglant la tête de son fils mis en pièces. Elle a consommé ce forfait ; mais du moins ce forfait n'est pas allé plus loin. Pour moi, c'est peu d'être coupable : j'ai fait partager mon crime à d'autres. Ce serait même peu de chose encore : je l'ai perpétué dans mes enfants. Il ne manquait à ma misère que de chérir l'ennemi de ma patrie. Trois fois l'hiver a retiré ses neiges, trois fois les épis sont tombés sous la faux, depuis que Polynice mène la vie errante de l'exil, et que, banni de sa patrie, il implore l'assistance des rois de la Grèce. Il a épousé la fille d'Adraste dont le sceptre commande à cette mer qui entoure l'isthme de Corinthe. Ce prince conduit les années de sept rois au secours de son gendre. Que dois-je souhaiter ou résoudre ? Je n'en sais rien. Il réclame le trône. Sa cause est juste, mais ses moyens sont criminels. Malheureuse mère ! Quels vœux puis-je former ? De chaque côté,