Page:Sénèque - Tragédies (éd. Cabaret-Dupaty), 1863.djvu/161

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c'est un fils que je vois. Toute manifestation affectueuse est un outrage à mon amour. Mes vœux pour le bonheur de l'un seront pour le malheur de l'autre. Mais, quoique ma tendresse soit égale pour tous les deux, mon cœur, toujours favorable à l'infortune, se tourne du côté où se rencontrent la bonne cause et le mauvais sort. La Fortune rend ceux qu'elle opprime plus chers à leurs parents.


Le Messager. — Ô reine, pendant que vous exhalez ces tristes plaintes, le temps marche, les armées sont en bataille, et les glaives étincellent ; la trompette résonne, et les aigles déployées donnent le signal des combats. Les sept rois disposent leurs bataillons. La même ardeur enflamme les enfants de Cadmus : de part et d'autre les guerriers se précipitent. Voyez ce nuage épais qui cache la lumière du jour, et ces tourbillons de poussière qui s'élèvent du sol ébranlé sous les pas des chevaux et montent au ciel comme une fumée. Et même, si la terreur ne trouble point ma vue, je vois briller les drapeaux ennemis. Le front de bataille présente une forêt de lances. Le nom des chefs est écrit en lettres d'or sur les étendards. Hâtez-vous donc, rétablissez l'amour entre ces deux frères, la paix entre tous. Mère, jetez-vous entre vos deux fils et faites tomber leurs armes impies.


Antigone. —