Page:Sénèque - Tragédies (éd. Cabaret-Dupaty), 1863.djvu/164

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d'Inachus, et de ceux qui sont descendus en armes de la citadelle de Thèbes. Citoyens et ennemis, frappez ce sein qui a donné des frères à mon époux. Déchirez mes membres, et mettez mon corps en pièces, puisque c'est moi qui ai mis au monde ces deux frères ennemis. Ne poserez-vous donc point les armes ? Faut-il vous le répéter ? Donnez-moi vos mains, donnez-les-moi tant qu'elles sont encore pures. Jusqu'ici l'égarement seul vous a rendus coupables. Votre crime a été celui du Destin qui nous poursuit. Mais, dès ce moment, vous devenez volontairement criminels : il dépend de vous de l'être ou de ne l'être pas. Si le devoir vous touche, réconciliez-vous à la voix de votre mère. Si le crime vous plaît, vous aurez un double forfait à commettre. Votre mère se jette entre vous deux. Renoncez donc à la guerre, ou brisez l'obstacle que j'oppose à votre fureur.

Dans ma perplexité maternelle, auquel des deux adresserai-je mes prières ? Lequel, malheureuse, dois-je presser le premier dans mes bras ? Une tendresse égale me porte à la fois vers tous les deux. L'un a été longtemps séparé de moi ; mais, si votre accord fraternel subsiste, l'autre va maintenant s'éloigner à son tour. Suis-je condamnée à ne vous voir jamais réunis que pour assister à vos luttes fratricides ? Viens le premier dans mes bras, toi qui, éprouvé déjà par tant de peines et de maux, revois ta