Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/102

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dans ma jeunesse remporter noblement le prix, monté sur le char de mon père. Argos et tout son peuple vont se porter en foule au-devant de moi. Atrée aussi viendra sans doute… Ah ! retourne aux forêts qui t’ont servi d’asile, à tes bois épais, à cette vie sauvage que tu as menée parmi leurs farouches habitants. Ne te laisse pas éblouir par le faux éclat d’une couronne. En voyant ce que tu vas recevoir, regarde aussi la main qui te l’offre. Naguère, dans une situation qui semble insupportable à tous les hommes, je ne manquais ni de courage ni de gaieté. Maintenant je retombe dans mes craintes passées ; j’hésite, je voudrais retourner en arrière, et j’avance malgré moi.

plisthènes. — Qu’est-ce ? mon père se traîne à pas lents ; il tourne la tête ; il a l’air embarrassé.

thyeste. — Pourquoi cette incertitude ? Pourquoi délibérer si longtemps sur une question si simple ? Dois-tu te fier à ce qui mérite le moins de confiance, à ton frère, à la royauté ? Crains-tu des peines déjà surmontées, déjà rendues plus douces par l’habitude et qui ont déjà porté leur fruit ? Non, tu as su trouver le bonheur dans l’adversité. Retourne sur te9 pas, tandis que tu le peux encore, et sauve-toi.

plisthènes. — Qui vous fait fuir, ô mon père, à l’aspect de la patrie ? Pourquoi vous refuser à tant de biens ? Votre frère abjure