Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/21

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extrêmes, son indomptable courage lui fait dresser des autels, et l’univers en parle comme d’un dieu. Les monstres manquent à ma vengeance, et il est moins difficile à Hercule d’exécuter mes ordres qu’à moi de les donner. Il reçoit mes commandements avec joie.

Que pourraient contre ce héros impétueux les arrêts barbares d’un tyran ? Ses traits, ce sont maintenant les monstres qu’il a craints et qu’il a terrassés. Il vient armé du lion et de l’hydre. La terre n’est plus assez grande pour lui. Il a brisé les portes des enfers, et il rapporte aux vivants les dépouilles opimes du roi vaincu. C’est peu même d’être revenu du ténébreux séjour ; il a rompu le pacte fait avec les ombres. Je l’ai vu moi-même, je l’ai vu percer la nuit infernale, triompher de Pluton, et étaler aux yeux de Jupiter les trophées ravis à son frère. Qui l’empêche de charger de chaînes et d’emmener captif ce dieu lui-même dont la puissance égale celle du maître des dieux ? qui l’empêche de garder les enfers comme sa conquête, et de briser les barrières du Styx ? Il s’est frayé une voie pour s’élancer du fond des enfers, et il a mis à jour les redoutables mystères de la mort. Fier d’avoir forcé la prison des ombres, il brave ma puissance, et traîne insolemment le chien du Ténare à travers les villes de la Grèce.