Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/27

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ne ramènent point en arrière leurs fuseaux. Cependant l’homme, dans son égarement, se précipite au-devant de sa destinée, et cherche volontairement les eaux du Styx.

O Hercule ! pourquoi ton noble cœur t’entraine-t-il gi tôt vers le triste séjour des Mânes ? Les Parques ont leur jour marqué. Il n’est permis à aucun mortel de prévenir ce terme, ni de le devancer. L’urne fatale ne reçoit que ceux qu’appelle la mort.

Que l’un étende au loin sa renommée, qu’il remplisse l’univers du bruit de ses exploits, et s’élève jusqu’au ciel sur les ailes de la gloire ; que l’autre soit porté sur un char triomphal. Pour moi, je ne demande qu’une modeste et tranquille retraite sur ma terre natale. Le repos mène jusqu’à la plus longue vieillesse, et c’est sous un humble toit que se rencontre l’heureuse médiocrité d’une fortune obscure mais assurée. L’héroïsme sublime doit aussi tomber de plus haut.

Mais voici Mégare qui s’avance, triste, les cheveux épars, et accompagnée de sa jeune famille. Le vieux père d’Hercule la suit à pas lents.