Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/34

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tile pays qu’entoure obliquement la Phocide, de toutes les terres qu’arrose l’Ismène, de celles que le Cithéron découvre de son superbe sommet, jusqu’à l’Isthme étroit qui sépare deux mers, je ne possède point, comme un lâche héritier, d’antiques privilèges transmis par mes aïeux. Je n’ai point d’illustres ancêtres, et je ne puis montrer dans ma famille des titres éclatants. Mais j’ai la gloire que donne le courage. Vanter son origine, c’est exalter le mérite d’autrui. Toutefois un sceptre usurpé tremble toujours dans la main qui le porte. Il ne se maintient que par la force. Quand on sait que les sujets n’obéissent qu’en frémissant, il faut tenir le glaive levé sur eux. Rien de moins stable qu’un trône où l’on s’assied à la place d’un autre. Mais il est un moyen de fortifier ma position. Il suffit que Mégare me soit unie par les nœuds d’un royal hymen. La noblesse de sa naissance rehaussera mon origine plébéienne. Je ne pense pas qu’elle refuse, et qu’elle rejette mon alliance. Mais si elle s’obstine dans un superbe dédain, je suis résolu d’exterminer toute la famille d’Hercule. Qu’importe que cet acte soulève la haine et les murmures du peuple ? Le point essentiel pour régner, c’est de savoir braver la haine. Essayons donc. Le hasard me favorise. Voici Mégare elle-même, couverte