Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/38

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lycus. — Est-ce donc cet époux descendu aux enfers qui vous inspire cette fierté ?

mégare. — Il n’est descendu aux enfers que pour reconquérir le ciel.

lycus. — Mais la terre pèse sur lui de tout son poids.

mégare. — Celui qui porta le ciel ne plie sous aucun fardeau.

lycus. — Je saurai bien vous contraindre.

mégare. — Céder à la contrainte, c’est ne pas savoir mourir.

lycus. — Parlez. Quel est le présent de noces qu’un roi pourrait le plus dignement vous offrir ?

mégare. — Ta mort ou la mienne.

lycus. — Votre folié vous perdra.

mégare. — J’irai au-devant de mon époux.

lycus. — Vous préférez donc un esclave à ma couronne ?

mégare. — Combien de rois sont tombés sous le bras de cet esclave !

lycus. — Pourquoi donc sert-il Eurysthée et rampe-t-il sous le joug ?

mégare. — Qu’on retranche les tyrans du monde, à quoi servira le courage ?

lycus. — Être exposé aux bêtes et aux monstres, vous appelez cela du courage ?

mégare. — Il y a du courage à vaincre ce qui fait trembler tous les hommes.

lycus. — Malgré ses hautes prétentions, il est maintenant plongé dans la nuit du Tartare.