Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/37

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que je règne souverainement, sans craindre des lois qui ne résistent jamais à la puissance des armes, je veux bien descendre à me justifier en peu de mots. Votre père et vos frères ont péri dans une lutte sanglante. Mais la guerre ne connaît point de mesure, et il n’est point facile de calmer ou d’éteindre la fureur du glaive une fois sorti du fourreau. La guerre aime le sang. Votre père combattait pour maintenir le droit de sa couronne ; moi, pour satisfaire une coupable ambition. Ce n’est pas le motif, c’est le résultat qu’il faut considérer dans une guerre. Mais périsse désormais le souvenir du passé. Quand le vainqueur a déposé ses armes, le vaincu doit aussi déposer sa haine. Je ne demande pas que vous fléchissiez le genou devant moi pour adorer ma puissance. Au contraire, j’aime en vous ce fier courage que vous montrez dans vos malheurs. Vous méritez d’avoir un roi pour époux : unissons nos destinées.

mégare. — Une sueur froide inonde mes membres glacés. Quelle affreuse parole a frappé mes oreilles ! Non, je n’éprouvai point un tel frisson lorsque, à la rupture de la paix, le fracas des armes ébranlait nos murailles. J’ai supporté sans pâlir tous ces revers. Mais l’idée de cette union m’épouvante : c’est maintenant que je me sens esclave. Qu’on m’accable de chaînes, que la famine me conduise lentement au tombeau : nulle puissance ne vaincra ma fidélité. Hercule, je mourrai ton épouse.